« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », ces mots du Président Jacques Chirac en 2002, sont toujours terriblement d’actualité. Le nouveau rapport du GIEC, l’organisme regroupant les experts internationaux sur le climat, le prouve. Encore une fois. Sa conclusion: le réchauffement climatique est pire et plus rapide que prévu.
1er enseignement : les humains « indiscutablement » responsables d’un niveau inédit de réchauffement climatique
Depuis la publication du 1er rapport du GIEC en 1990, 1000 milliards de tonnes de CO2 ont été émises. Soit en 30 ans seulement, presque la moitié de nos émissions (41%) depuis le début de toute l’ère industrielle (1750) !
Conséquence, l’activité humaine a réchauffé déjà le climat à un rythme sans précédent, +1,1°C ces 10 dernières années par rapport à la moyenne de la période 1850-1900. Du jamais vu depuis 125 000 ans, où l’on décèle de telles variations, naturelles cette fois-ci.
Et les résultats sont déjà bien visibles :
-vagues de chaleur exceptionnelle au Canada en juin et en Grèce
-inondations en Allemagne et en Belgique au début de l’été
Pour les experts du GIEC, l’attribution à l’influence humaine de tels phénomènes climatiques extrêmes (vagues de chaleur, fortes précipitations, sécheresse, cyclones) s’est renforcée depuis le dernier rapport publié il y a 7 ans.
Parfois ces phénomènes extrêmes peuvent même se cumuler (canicule+ mégafeux comme au Canada). Et à l’avenir, ils seront encore plus fréquents, 4 à 5 fois plus de vagues de chaleur extrême, près de 2 fois plus de fortes précipitations et de sécheresses.
2e enseignement : nous atteignons des points de non-retour
De nombreux changements sont jugés « irréversibles » par les experts climatiques :
-fonte des glaciers et réchauffement de l’océan donc augmentation du niveau des océans pendant encore « des siècles, voire des millénaires »
-fonte du permafrost en Sibérie libérant du méthane environ 30 fois plus réchauffant que le CO2.
Le GIEC explique également que les puits de carbone naturels (arbres par la photosynthèse et les océans) arrivent à saturation et absorberont après 2050 « très probablement » moins de CO2. Ce qui renforcera la concentration en CO2 dans l’atmosphère et donc le réchauffement global sur terre.
Et pour la première fois, la survenue de points de bascule, comme la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique, bien que peu probable ne peut plus être exclue.
Quels scénarios d’ici 2050 ?
Le GIEC établit 5 scénarios de niveau d’émissions de Gaz à effet de serre (GES) : dans tous nous atteignons les +1,5°C dans un avenir proche (entre 2025 & 2040) et resterons, sauf dans le + ambitieux, au-dessus de 1,5°C à la fin du siècle !
L’Accord de Paris, signé lors de la Cop 21 en 2015, prévoyait de limiter le réchauffement climatique « bien en deçà » de +2°C, si possible +1,5°C. Il est donc quasiment enterré.
Le collectif juge « très probable » (90% de chances) d’atteindre la fourchette +2°C à +5°C, contre +1°C à +6°C dans son précédent rapport il y a 7 ans. Le scénario privilégié étant +3°C.
Et dans ce cas, le réchauffement climatique sera encore plus marqué aux pôles, comme le montre ce schéma du GIEC:
Comment agir alors ?
Pour limiter le réchauffement climatique de la planète terre à +1,5°C (scénario le + ambitieux), il faudrait diminuer immédiatement et drastiquement nos émissions de GES. Mais au rythme mondial actuel (40GtCO2/an), dans 8 ans à peine, la Terre aurait épuisé son budget carbone restant pour rester en-dessous de +1,5°C.
Plus que jamais, chacun est concerné, car chaque tonne émise compte et contribue au réchauffement. Dans le bâtiment par exemple, selon la Stratégie nationale bas-carbone, la France vise -49% d’émissions de GES à l’horizon 2030 par rapport à 2015 et – 90% à l’horizon 2050.
Les émissions du secteur du bâtiment sont en diminution continue depuis 2015 (Source Haut conseil pour le climat). Mais pour tenir les objectifs, il va falloir encore accélérer: le rythme prévu sur la période du 2e budget carbone (2019-2023) est sensiblement plus élevé 3,5 Mt éqCO2/an que celui de la 1e période (2015-2018) 1,9 Mt éqCO2/an.
Cela passera d’abord par l’adoption de comportements sobres par les usagers des bâtiments, couplés à des actions techniques d’efficacité énergétique (GTB, température de consigne…). Ce qui permettra environ 40% de réduction des consommations énergétiques selon l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID). Et ensuite par des travaux de rénovations énergétiques lourds sur les bâtiments.
En 2050, la France ambitionne d’atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire qu’elle n’émettrait pas plus de CO2 qu’elle n’en absorbe par ses puits de carbone naturels.
Une bonne nouvelle si nous y arrivons : D’après le GIEC, atteindre la neutralité carbone permettra d’arrêter le réchauffement climatique de manière + probable que dans le rapport précédent.
Pour accéder au résumé exécutif du rapport sur le site officiel: https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/