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Quel futur énergétique en 2050?

Posté le 26 octobre 2021

J-5 avant le grand rendez-vous climatique, la COP 26 à Glasgow. Quelques jours avant, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français puis l’association Négawatt présentent leurs scénarios énergétiques pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. 

Quels enseignements en tirer ? Comment est abordée la sobriété énergétique ? Décryptage

Point commun aux 2 scénarios : notre consommation d’énergie doit baisser

Le dernier rapport du GIEC rappelle l’urgence à baisser nos émissions de GES (Gaz à effet de serre). Concrètement cela veut dire diminuer nos consommations d’énergie.

Un impératif climatique mais aussi économique à l’heure où les prix des énergies fossiles flambent. Disposer de sources de production bas-carbone sur le territoire permettra demain de ne plus dépendre des pays producteurs d’hydrocarbures.

La SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) de la France prévoit de passer de 1600 TWh d’énergie finale consommée en une année à 930 TWh en 2050 pour atteindre à ce moment-là la neutralité carbone. Soit 40% de diminution d’ici 30 ans. Pour en savoir plus sur la trajectoire spécifique du secteur du bâtiment, lisez notre article ici.

Selon la SNBC, 200 TWH peuvent être économisés grâce à l’efficacité énergétique :

  • progrès technologique des équipements moins énergivores ex éclairage, électroménager, informatique
  • politiques publiques volontaristes (doublement du nombre de rénovations thermiques des bâtiments, décret tertiaire, développement des véhicules électriques)

La plus value de la sobriété

Grâce à la sobriété énergétique, les consommations peuvent diminuer encore plus fortement :

Le scénario de RTE évalue ce gain supplémentaire à 90 TWh, soit une réduction de 15% en plus de l’efficacité énergétique. Dans le secteur du bâtiment, qui pour rappel représente 40% de la consommation d’énergie finale, cette sobriété énergétique se traduirait par:

  • limitation de la consommation de chauffage (-1°C)
  • augmentation de l’habitat partagé
  • limitation des surfaces de bureaux via le télétravail
  • prolonger la durée de vies des équipements informatiques

Négawatt place aussi la sobriété au cœur de son scénario : elle permet de diminuer d’1/4 la consommation d’énergie finale. Citons dans le secteur du bâtiment ces mesures:

  • réduction du nombre de constructions neuves de maisons
  • stabilisation du nombre de résidents par logement
  • dimensionnement raisonné des équipements électroménagers et informatiques

Sobre énergie; électricité solaire; transition énergétique

2e enseignement : la production d’énergie renouvelable indispensable

Pour atteindre la neutralité carbone, il faut donc réduire les consommations ET alimenter celles qui restent par des énergies bas-carbone comme l’électricité.

En 2050, nous aurons besoin de plus d’électricité pour divers usages:

  • alimenter les véhicules électriques (100 TWh en 2050 contre 15 TWh aujourd’hui)
  • alimenter les pompes à chaleur qui remplacent les chaudières à énergie fossile (gaz, fioul)
  • produire de l’hydrogène (50 TWh en 2050 contre 0 aujourd’hui)

Impossible d’y arriver sans « développement significatif des énergies renouvelables », reconnaît RTE. Le gestionnaire du réseau électrique français prévoit ainsi :

  • parc solaire au minimum de 70GW
  • parc éolien en mer de 25 GW

Au-delà de l’impératif climatique, produire plus de renouvelables (ENR) est désormais « pertinent économiquement », selon RTE. Motif: « leurs coûts atteignent aujourd’hui des niveaux très compétitifs, désormais inférieurs à ceux de nouvelles centrales thermiques et nucléaires. ».

Sobre énergie; électricité nucléaire; transition énergétique

Quelle place pour le nucléaire ?

C’est là que les deux scénarios divergent. RTE met en garde sur le 100% renouvelables jugé trop ambitieux et hasardeux. Traduisez, il serait nécessaire de maintenir une production électrique nucléaire en 2050 : « Le scénario d’une sortie du nucléaire en 2050 représente un défi industriel majeur, dans la mesure où les rythmes de développement des énergies renouvelables dépassent largement les performances cumulées de l’Allemagne sur les ENR terrestres et du Royaume-Uni sur l’éolien en mer. »

Le rapport cite l’exemple de nos voisins :

  • L’Allemagne qui est sortie du nucléaire dès 2011. Elle doit compenser depuis avec des centrales à charbon, puis de l’hydrogène vert à moyen terme
  • Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Chine envisagent de nouveaux réacteurs en complément des énergies renouvelables.

RTE met aussi en avant le coût jugé plus onéreux pour atteindre 100% d’ENR en 2050 : « Ceci s’explique par le fait que le développement des énergies renouvelables y est plus précoce, ce qui ne permet pas de bénéficier pleinement de la poursuite de la baisse des coûts sur ces filières, et que les réacteurs nucléaires actuels sont fermés de manière anticipée. »

Négawatt au contraire maintient son objectif de 100% renouvelable en 2050. Grâce à la sobriété et l’efficacité énergétique la consommation d’énergie finale réduirait dans son scénario de 56%. Les besoins restants seraient remplis à 100% par l’éolien, le photovoltaïque, l’hydraulique, le biogaz ou encore la biomasse.

Résultat, Négawatt maintient la sortie du nucléaire, tout en la repoussant, avec la fermeture du dernier réacteur en 2045.

La clé en 2050, le stockage

Sur ce dernier point, RTE et Négawatt se rejoignent : le solaire ou l’éolien sont des énergies intermittentes par définition. Mais comment alors assurer une production électrique constante ?

La clé réside dans le stockage de l’électricité en période de forte production pour ne pas perdre ce surplus. Ce stockage est possible par le « power to gas », une technique qui permet de transformer l’électricité en méthane de synthèse grâce à l’électrolyse.

Ce gaz peut alors être intégré dans le réseau et servir pour d’autres usages notamment le transport ou le chauffage. Selon RTE, la production d’hydrogène par électrolyse constitue un « gisement de flexibilité important pour l’équilibre du système électrique. »