Et de 3. Après négaWatt et RTE, c’est l’Ademe qui s’empare du sujet de notre futur énergétique. Elle met la notion de sobriété au cœur du débat pour atteindre la neutralité climatique en 2050.
La France à travers la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) s’y est engagée. C’est le cas aussi de l’Union Européenne à travers le paquet « Fit for 55 ».
Atteindre la neutralité carbone signifie ne pas émettre plus d’émissions de CO2 que la capacité d’absorption des puits de carbone naturels. Il s’agit des océans et forêts. En France, la SNBC prévoit ainsi de réduire les émissions à 80 MtCO2e, contre 445 en 2018. Soit une diminution de 82%.
Et il y a urgence à décarboner nos économies, la COP 26 et le dernier rapport du GIEC l’ont encore rappelé.
Voir notre décryptage sur le 6e rapport du GIEC
« La sobriété sécurise la neutralité carbone »
La neutralité carbone implique de diminuer drastiquement notre consommation d’énergie. Ainsi, la SNBC de la France prévoit de passer de 1600 TWh d’énergie finale consommée en une année à 930 TWh en 2050. Soit 40% de diminution d’ici 30 ans.
Dans son rapport, Stratégie (s) 2050, choisir maintenant, agir pour le climat, l’Ademe se livre à une analyse prospective basée sur 4 scénarios :
- scénario 1 Génération frugale qui repose sur la sobriété
- scénario 2 Coopérations territoriales basé sur une « évolution soutenable des modes de vie »
- scénario 3 Technologies vertes basé sur « plus de nouvelles technologies que de sobriété »
- scénario 4 Pari réparateur qui repose sur la prolongation des modes de vie actuelles de consommation de masse
Les quatre permettent en 2050 d’atteindre la neutralité carbone, mais certains en s’appuyant sur un pari risqué. Ainsi, selon l’Ademe, le scénario 4 « conduit à une fuite en avant qui parait risquée. Le pari technologique et économique est énorme ».
Au contraire, le scénario 1 de sobriété permet de réduire de 55% la demande énergétique en 2050 par rapport à 2015. L’Ademe relève qu’il s’agit d’« un facteur clé pour atteindre la neutralité carbone ». Il repose sur plusieurs niveaux de sobriété:
- la sobriété d’usage (déplacement à pied ou à vélo, commerces de proximité privilégiés…)
- la sobriété dimensionnelle (alléger le poids des véhicules…)
- la sobriété coopérative (habitat plutôt collectif, location d’équipements qu’on utilise peu souvent plutôt que de les acquérir…)
La conclusion de l’Ademe est claire : « Cette sobriété permet de sécuriser l’atteinte de la neutralité carbone ».
Notre article sur les bonnes pratiques de sobriété numérique au bureau
2 rapports en faveur de la sobriété énergétique
Une conclusion qui rejoint celle de Négawatt dans son scénario 2022. L’association place la sobriété au coeur de celui-ci. Elle permettrait de diminuer d’1/4 la consommation d’énergie finale. Le scénario prévoit dans le secteur du bâtiment, un rythme massif de rénovations « équivalent performante » de 800 000/an d’ici 2030 contre 30 000 actuellement.
Citons également, la réduction du nombre de constructions neuves de maisons, stabiliser le nombre de résidents par logement. Ou encore le dimensionnement raisonné des équipements électroménagers et informatiques.
Notre article sur les bâtiments de demain
De même, le rapport de RTE, Futurs énergétiques 2050 met aussi l’accent sur la nécessaire sobriété énergétique. Il évalue à 90 TWh, soit une réduction de 15% le gain supplémentaire offert par la sobriété. En plus du levier de l’efficacité énergétique (progrès technologique sur l’éclairage, informatique).
Dans le secteur du bâtiment, qui pour rappel représente 40% de la consommation d’énergie finale, cette sobriété énergétique se traduirait par exemple par:
- la limitation de la consommation de chauffage (-1°C)
- l’augmentation de l’habitat partagé
- la limitation des surfaces de bureaux via le télétravail
- le prolongement de la durée de vies des équipements informatiques
Notre décryptage complet du rapport RTE
Rendre la sobriété désirable
La sobriété sera donc au cœur de notre futur énergétique. Mais elle ne se décrète pas. Pour la rendre désirable, il faut lever les freins au changement qui peuvent s’exprimer :
- manque d’intérêts
- manque de formation
- manque de visibilité des enjeux
Pour engager les occupants d’un bâtiment à maîtriser leur consommation énergétique, l’accompagnement d’experts est donc indispensable.
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